La conquête des Ardennes – 460 km – 9000 m de D+

La conquête des Ardennes – 460 km – 9000 m de D+. Compte rendu de ma conquête des Ardennes (460km et 9000 m de dénivelé positif). Ça grimpe!

Comment j’en arrive à me lancer dans cette aventure?

Après le Tour des Abbayes Trappistes, j’ai envie d’un week-end de vélo plus sportif. Avec toutes les contraintes familiales, j’en arrive au week-end du 14/15 mai 2022. Un week-end pour faire du vélo 2 jours, poser ma tente tranquille, profiter, sans enfants et avec un bon livre… Ça, s’était l’idée de départ…

En vrai, j’aime les belles montées et les Ardennes.

“Et bien pourquoi ne pas se lancer sur la conquête des Ardennes?”

J’avais déjà repéré ce parcours et je comptais m’y inscrire. Pour ce week-end à vélo, les 300 premiers kilomètres me tentent bien.

La préparation mentale commence… mon week-end “tranquille” à lire un bon livre au bord de la tente est en train de se transformer en un week-end bien plus sportif… 300km et plus de 6000m de dénivelé positif. Ces chiffres ne vous disent rien? A titre de comparaison, la course cycliste Liège-Bastogne-Liège fait 260km et 4000m de dénivelé positif.

Faire la conquête des Ardennes (la totale), c’est donc en terme de dénivelé, cumuler 2 fois Liège-Bastogne-Liège.

Photo de Sem Steenbergen

Le temps passe, je prépare mon vélo, mes affaires, ma tête,… et le bon livre!

Et puis finalement, pourquoi ne pas partir pour la totale? Je me prépare et ainsi, si je le sens, je peux aller au bout.

Mon week-end tranquille est définitivement derrière moi… il sera sportif. Samedi matin, je partirai sans mon livre :/

La conquête des Ardennes, c’est quoi?

Le parcours

Quand je vois ça, moi ça me donne envie!

Si tu vois du plat sur le parcours, c’est que tu regardes mal! Concentre toi un peu… Et oui, il n’y rien de plat, cela ne fait que monter et descendre tout le temps. Un parcours en dents de scie. Et quand ça monte, le concepteur a pris soin de choisir les “bonnes” montées… celles qui affichent des 15-20%… voir plus! Un mélange de Liège-Bastogne-Liège et de la flèche Wallonne sur un même parcours. C’est du vraiment costaud (et du n’importe quoi!).

Mon parcours

Préparation

Tu l’auras compris… je me prépare pour la totale… et en même temps, j’ai encore dans un coin de ma tête le week-end tranquille…

Mon vélo est prêt. Mes barres de céréales maison sont prêtes. Le magasin où je cherche mon gel sportif Meltonic n’en a plus en stock… on cherche une solution ensemble. Finalement, je penche vers le fait-maison et je me lance dans la recherche de la recette parfaite. Je la publierai sur le site.

Les conditions ne sont pas optimales. Vendredi soir, j’ai une soirée avec des amis. J’irai donc dormir à 1h du matin pour me réveiller 5h plus tard et me préparer pour prendre le train en direction de Huy. C’est donc avec peu de sommeil que j’entame ce parcours.

Le trajet

Départ à Huy

Le livre est donc resté à la maison.

L’excitation est là. Premier coup de pédale, et là, paf! Après seulement 2 km la première côte à 19% max et plus de 10% de moyenne. C’est hard pour démarrer. A peine échauffé, ça fait mal, je vais devoir mettre pied à terre. Ça commence bien et c’est pas rassurant.

Cette première partie est appeler “mise-en-jambes”, mais les pourcentages sont bien là avec au milieu une certaine côte de la redoute! Malgré mon paquetage plutôt lourd, je suis tout de même content de rivaliser avec les cyclos sans tous ces kilos en plus! La joie est là, le soleil aussi, je prends confiance! Quelques fruits secs en haut et je continue vers la côte de El Minire. Et c’est ça aussi la joie de ce parcours, découvrir des routes qu’on côtoie régulièrement sans jamais les emprunter… ne sachant pas qu’elles existent. Magnifique!

Spa

Presque 100km et un petit tour par Spa, où j’en profite pour un passage en boulangerie et me ravitailler un peu… Croissant et boisson sucrée.

Coup de mou

Au km 120, j’ai un gros coup de fatigue. Je me pose dans une prairie pour dormir 1h et me ravitailler. Cela me permettra de faire encore 35km et quelques côtes. Jusqu’au dernier moment j’ai hésité à utiliser ma tente, mais finalement, je vais la poser pour dormir une bonne nuit et voir le lendemain comment se passe la journée. Les 5h de sommeil de la veille me pèsent.

Nuit au bord de la route et c’est reparti

Après quelques recherches, me voici au bord d’une route pour la nuit. Le compteur affiche 155 km et plus de 3200 D+. C’est pas ouf! Un peu quand même.

Jour 2

Je démarre rapidement, juste le temps de tout remballer et hop, j’attaque les difficultés de la matinée, un enchainement de côtes à 18-21% dont la côte du Stockeu. Après cet enchainement, me voici sur “la grande traversée”. Partie un peu moins exigeante avec au milieu le pied Monti à 22% (on avait dit moins exigeant?)… je ferai cette petite partie à 22% à pied… impossible avec le chargement. C’est donc la deuxième côte où je dois mettre le pied à terre.

Arrivée à Samrée, on peut voir sur le GPS, la trace qui part à droite. Mais on peut y voir également une trace en face qui part vers la gauche… Ce qui signifie qu’on va faire un petit tour et revenir sur Samrée. Et là, on entame, une descente… interminable! Ça descend beaucoup, et il faudra tout remonter pour revenir sur Samrée. En bas, La Roche-en-Ardennes pour un petit ravitaillement et se diriger vers le col de Haussire.

Pour moi, le col de Haussire est la plus belle côte du parcours.

Avec quelques cyclos autour de moi, on monte chacun à notre rythme, et je suis plutôt content de tenir le cap avec mon chargement. Arrivés en haut, les différents cyclos se félicitent. Mais pour moi, ce n’est pas terminé… je pars sur la seule route qui monte en mode Gravel… quelques centaines de mètres de Gravel bien techniques pour terminer cette montée. Top! Et me voila de nouveau à Samrée… Finalement, la montée n’a pas été si terrible que ça.

Et pour le plaisir, la trace retourne vers La Roche-en-Ardennes (oui, il faut tout redescendre) pour reprendre une nouvelle montée, la côte de Hives. (En passant par le pied Monti, mais ça j’en ai déjà parlé).

La journée est longue et chaude, très chaude et cette partie est plutôt découverte.

300km plus loin

J’arrive maintenant à Rochefort pour terminer mon parcours ici et regagner la gare de Marloie.

Et oui, je m’arrête là. Vu mon avancement, il est clair que je n’arriverai pas au bout en 48h. Mais surtout, je risque d’avoir beaucoup de difficultés vu mon chargement dans les quelques murs à plus de 20% qui vont arriver dans la dernière partie. Je préfère donc revenir sans chargement pour terminer ce parcours.

Bilan

C’est ma première tentative et je suis donc super content et satisfait de ce week-end. 300 km pour plus de 6000m de dénivelé positif, sous le soleil… je reviendrai pour terminer ce parcours et surtout, je reviendrai pour faire la totale avec l’objectif de le faire en moins de 48h.

Je termine ces 300km avec le sourire. Pour revenir plus fort.

Merci pour ce parcours fabuleux, ces côtes piquantes et des petites routes tranquilles, (et ces centaines de mètres de Gravel pour terminer une côte alors qu’on pensait que c’était terminé)… on est bien en Belgique quand même!

Mes erreurs

Partir le matin

L’idéal, c’est partir le soir et rouler une partie de la nuit. Ainsi, lorsque la fatigue commencera à pointer le bout de son nez… le jour sera de retour et ce sera plus motivant pour continuer à rouler. Mais aussi ce sera plus facile pour faire de petites siestes et se reposer avec la chaleur de la journée.

Mettre le moment difficile (la nuit) en début de parcours est je pense plus judicieux.

Et surtout, pas de soirée entre amis la veille 😀 Il faut être bien reposé avant!

Trop chargé

Pour faire des côtes à plus de 20%, il faut être moins chargé. Et pour l’année prochaine j’envisagerai de partir sans tente, matelas, et sac de couchage. Le but est de réduire au maximum le chargement, en sachant que pour 48h, il n’est pas forcément nécessaire de s’installer dans une tente pour se reposer.

Ne pas cuisiner

Là aussi, c’est pour réduire le paquetage. Il est préférable de ne pas emmener de quoi cuisiner. Pour 48h, il est possible de se préparer le maximum de nourriture “prêt-à-manger” et surtout de se ravitailler en cours de route.

Jour 3 – la fin

4 mois après la première partie du parcours, me voici là, fin septembre 2022 pour terminer ce parcours. 170 km pour 3 000 mètres de dénivelés positifs.

Très peu de photos… j’avais juste envie de profiter de ce parcours incroyable, profiter du dernier gros objectif de la saison. Rouler pour le plaisir… le plaisir des murs 😉

Le départ

J’arrive à la gare de Marloie… je dois donc d’abord rejoindre le parcours à Rochefort à quelque 10 km. De là, je vais être plutôt surpris… C’est plat et on passe à plusieurs reprises par des pistes cyclables… En y regardant de plus près, tu peux voir la seule portion un peu “plate” se trouve autour du kilomètre 300… juste avant la bataille des murs, et bien, c’est là que je suis !

C’est donc un bon échauffement pour bien commencer, surtout qu’il fait froid… très froid ! Quelque 3 °C et beaucoup de brouillard. Mais derrière, il y a le soleil (on attend plus que sa sortie).

J’ai des problèmes de GPS… il doit très souvent recharger la carte… C’est pénible et je dois donc m’arrêter régulièrement aux intersections pour attendre d’avoir le bon chemin. Ce sont à chaque fois des arrêts et des relances qui me fatigueront plus que nécessaire.

Premières côtes et puis Dinant

Les premières côtes sont plutôt gentilles, pas de gros pourcentages, c’est un bon échauffement pour la suite.

Et puis… il y a Dinant ! C’est beau… profite parce que ça va monter… 21% et ça va être long avec une moyenne de 10% (le maximum sur cette bataille des murs).

Jusque-là, franchement, ça va… (à part ce GPS!!!)

Les 3 murs

Je sais ce qui m’attend maintenant. Une succession de 3 murs à plus de 19%. Je sais que ce sera un moment décisif. Mon objectif est d’arriver entier à l’autre bout et rejoindre la citadelle de Namur pour une pause plus longue bien méritée. Le soleil commence à sortir… et à réchauffer mon corps !

Ouah ! Ces murs sont incroyables. Et le triple mur de Monty sera fatal, je poserai mon premier pied à terre par fatigue.

Ces 3 murs sonneront également l’asphyxie de… mon GPS ! Il se fige. Plus de signal et donc plus de trace non plus ! Je dois alors utiliser mon smartphone pour me guider. Ce n’était pas prévu, la batterie ne tiendra certainement pas si je le laisse allumé… Je suis en conséquence obligé de m’arrêter à quasi chaque changement de direction afin de vérifier le trajet à prendre… C’est autant d’arrêts et de relances qui me condamneront !

J’hésite beaucoup… continuer ou arrêter… J’ai envie de terminer ce parcours, mais les problèmes de GPS rendent le défi plus complexe. D’autant plus que je ne suis même pas sûre que la batterie tiendra jusqu’à la fin… et sans smartphone pas de trace à suivre :/

Je continue jusqu’à Namur pour ma pause. S’y trouve une gare, j’aurai tout le temps d’y réfléchir.

Si près du but!

La pause à Namur me redonne de l’énergie. J’ai vraiment envie de terminer… Il me reste 55 km et j’ai 50% de batterie. Il va falloir gérer, ne pas le laisser allumé et vérifier à chaque intersection, la direction à prendre. C’est épuisant, mais la motivation est là. Je veux aller au bout.

Je sais aussi ce qui m’attend… plus que 3 grosses difficultés. 1 mur à 17% max, l’avant-dernière côte qui fait 5 km et le mur de Huy.

Plus que 20 km

Avant-dernière côte de 5 km… elle fera mal ! Longue, trop longue après autant de km ! Et pour clôturer en beauté… le mur de Huy… plus d’énergie, je vais devoir mettre une deuxième fois pied à terre. Mais j’arrive au bout.

Retour

Descente vers la gare de Huy. J’ai rêvé d’une fritte, mais la file m’en a dissuadé… j’ai dévalisé le distributeur de la gare.

Il me reste 3 % de batterie, ce doit être proche de ce qu’il me reste d’énergie dans mon corps. Il fait froid.

Je sais aussi qu’il me reste encore 10 km pour joindre la gare à chez moi. Ce sera long. J’arrive épuisé.

Bilan final

Je reviendrai, c’est sûr. Envie de faire ce parcours d’une traite (avec nuitées).

Franchement, c’est un truc de fou… autant de dénivelés… et parcours magnifique. Les routes, le sens, l’ordre, tout a été réfléchi pour faire de ces 460 km une expérience inoubliable.

L’année prochaine, il y aura des choses à revoir… le paquetage évidement, mais aussi la préparation des jours avant pour ne pas arriver en déficit de sommeil avant le départ. Je croiserai également les doigts pour ne plus avoir de problèmes de GPS… car s’arrêter à chaque intersection, c’est épuisant… et il n’y a pas besoin de ça.

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